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Équilibres Gauche-Droite, Haut-Bas, Intérieur-Extérieur : entre MTC et science contemporaine

Dernière mise à jour : 29 sept.


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l'équilibre comme fondement de la vie


La médecine traditionnelle chinoise (MTC) repose sur une conception profondément holistique et dynamique de la santé, où les équilibres gauche-droite, haut-bas, intérieur-extérieur sont vus comme des manifestations du Yin et du Yang, en perpétuelle interaction. Cette vision est articulée dans le Huangdi Nei Jing, texte fondamental qui exprime :

« Le Yang monte, le Yin descend ; ce qui est en haut soutient ce qui est en bas, et inversement (Suwen 47). L’intérieur gouverne les organes, l’extérieur reflète leur état par la peau et les tissus (Suwen 9). Quand le Qi est harmonieux à l’intérieur, l’extérieur est protégé (Suwen 3). »

Les sciences modernes, en particulier la neurobiologie, la physiologie et la biophysique, rejoignent cette vision systémique : elles montrent que la santé émerge d’une régulation constante des équilibres corporels – appelée homéostasie – dans des dimensions spatiales et fonctionnelles comparables.


Équilibre gauche-droite : latéralisation, méridiens et dialectique du mouvement


Perspective de la médecine moderne : latéralisation cérébrale et asymétrie fonctionnelle


La neurologie contemporaine met en évidence une latéralisation fonctionnelle : l’hémisphère gauche est en général plus impliqué dans les fonctions analytiques et langagières, le droit dans les fonctions spatiales et émotionnelles. Sur le plan moteur, le contrôle croisé (gauche → hémicorps droit, droit → hémicorps gauche) reflète une interdépendance structurelle.


Perspective de la MTC : méridiens et équilibre croisé


En MTC, les méridiens ne sont pas symétriques de façon rigide, mais obéissent à un équilibre croisé dynamique. Le Nan Jing, dans ses commentaires sur les méridiens, souligne l’importance des correspondances opposées :

« Lorsque la maladie est à gauche, on traite à droite ; lorsque le Yang est en excès à gauche, on tonifie le Yin à droite. » (idée du Nan Jing, difficulté 75)***

Cela montre une logique dialectique où chaque côté du corps influence l’autre en vertu de la dynamique du Yin et du Yang.


Dialectique : unité dans la polarité

Ainsi, la science moderne décrit des spécialisations, là où la MTC insiste sur les compensations. L’approche contemporaine mesure la spécificité fonctionnelle ; la MTC cherche l’harmonisation globale par interaction opposée. Ces deux perspectives s'enrichissent mutuellement : une réhabilitation post-AVC, par exemple, peut bénéficier de cette logique croisée (traitement de l'hémicorps sain pour rétablir l'équilibre général).


Équilibre haut-bas : circulation et hiérarchie organique


Science contemporaine : gravité, circulation et autorégulation

Dans la physiologie moderne, la régulation haut-bas s’illustre par les mécanismes circulatoires (pression artérielle, retour veineux), l’effet de la gravité, et la hiérarchie endocrinienne (hypothalamus → hypophyse → organes). Il existe une coordination descendante et ascendante des signaux, comparable à une gouvernance centralisée mais adaptative.

MTC : hiérarchie céleste-terrestre

Dans le Nei Jing, cette régulation est formulée dans des termes cosmologiques :

« Le Cœur est l’Empereur, le Foie est le général ; le Qi du Ciel descend, le Qi de la Terre monte. » (idée du Su Wen, chapitre 8 et 25 )***

Ici, le haut gouverne le bas, mais le bas soutient le haut. Le Qi monte et descend selon une logique cyclique, non linéaire. Le Rein, situé en bas, est considéré comme la racine du Ciel antérieur, porteur du feu ministériel, qui soutient le Cœur, empereur céleste.


Dialectique : descente-ascension comme respiration de la vie

La MTC conçoit la vie comme une respiration de l’univers : ce qui descend doit remonter, ce qui monte doit redescendre. La science décrit ces flux sous forme de feedbacks neuroendocriniens et de gradients de pression. La dialectique ancienne décrit une relation de mutuelle création et contrôle, où les déséquilibres se corrigent non par suppression, mais par régulation cyclique.


Équilibre intérieur-extérieur : barrière, interface et résonance


Science contemporaine : immunité et interface tissulaire

Le corps moderne est protégé par des interfaces (peau, muqueuses) qui assurent une frontière dynamique. L’immunité innée et adaptative distingue le « soi » du « non-soi », grâce à des capteurs cellulaires (récepteurs TLR, lymphocytes). L’intérieur communique avec l’extérieur par des systèmes neuro-immuno-endocriniens.


MTC : Wei Qi et communication avec l’environnement

Le Nei Jing décrit le Wei Qi (Qi défensif) comme une couche mobile qui circule à la surface du corps, active de jour, dormante de nuit. Elle est produite par la vessie et le poumon, et protège l’intérieur de l’invasion externe (Xie Qi) :

« Le Qi défensif circule entre la peau et les muscles, il est le rempart contre le vent pervers. » (synthèse de l'idée du Ling Shu, chapitre 43)***
“Le Wei Qi naît du Jiao inférieur, irrigue la Vessie, se disperse dans la poitrine et l’abdomen, puis circule à l’extérieur des cinq organes Zang et des six organes Fu…” : Ling Shu chapitre 71

Dans les textes classiques (Nei Jing, Nan Jing), la Rate n’est pas explicitement mentionnée comme un organe producteur direct du Wei Qi. C’est dans la médecine chinoise postérieure (notamment sous les Song et Ming), avec la pensée de Li Dongyuan, que la Rate devient centrale dans la production du Gu Qi, et donc indirectement du Wei Qi.


Dialectique : ouverture protégée

L’intérieur et l’extérieur ne sont pas en opposition, mais dans une relation d’échange régulé. La maladie survient lorsque la barrière se ferme trop (stagnation) ou s’ouvre trop (invasion). C’est une tension dialectique entre perméabilité nécessaire et protection indispensable, comparable aux mécanismes de tolérance et d’hyperréactivité immunitaire.


Conclusion : vers une médecine intégrative et dialectique


Les équilibres gauche-droite, haut-bas, intérieur-extérieur peuvent être compris comme des axes de régulation à la fois anatomiques, fonctionnels et symboliques. Leur interprétation croisée révèle que :

  • La science moderne quantifie et localise, donnant des outils d’intervention précis.

  • La MTC symbolise et relie, offrant une lecture holistique et relationnelle.

  • La dialectique du Yin-Yang invite à dépasser les oppositions statiques pour penser en termes de flux, polarités et cycles.


Comme le mentionne le Dao De Jing (ou Tao Te Ching) de Laozi , chapitre 25. :

« L’homme suit les lois de la Terre, la Terre suit les lois du Ciel, le Ciel suit la Voie, et la Voie suit sa propre nature. » ***

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*** les citations du document traduisent une idée générale du texte quelque fois sur plusieurs chapitres et non une citation mot pour mot.

 
 
 

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